Le réseau routier français était encore considéré il y a une dizaine d’années comme l’un des meilleurs du monde. Dans les classements internationaux, il figure encore parmi les dix premiers mais la dégradation de son état inquiète et les besoins sont considérables pour le maintenir et l’adapter aux nouvelles mobilités.
Les communications sur ce sujet sont nombreuses : rapport du sénateur Maurey (mars 2017), nombreuses publications au cours des congrès PPRS de Paris (2015) et de Nice (2018), etc. L’audit externe, réalisé en 2018 par l’École polytechnique fédérale de Lausanne pour le compte de la DGITM sur l’entretien du réseau routier national non concédé, conclut à la nécessité d’une gestion patrimoniale rigoureuse et de moyens d’indicateurs d’état efficaces.
Le premier rapport de l’Observatoire national de la route, publié en 2017, traite de ces différents sujets : comment objectiver l’état du réseau et comment partager les connaissances. Le projet national de recherche en cours, Durée de vie des chaussées (DVDC), aborde plusieurs thèmes : analyse des mécanismes de dégradation, qualification des méthodes d’auscultation, optimisation des travaux d’entretien. Tous les types de réseaux routiers sont concernés et il ne faut pas oublier les ouvrages d’art, pour lesquels un audit a également été effectué.
Les constats sont nombreux. Les méthodes d’évaluation et d’auscultation ont fait l’objet de travaux qui ont abouti à définir des indices de qualité qui s’appuient sur des critères solides : relevés de dégradations, adhérence, uni, déflexion... Elles sont en pleine évolution avec de nouvelles technologies numériques et les possibilités actuelles de traitement des données. Un smartphone photographie, filme la chaussée, transmet les données en temps réel. Il peut assurer d’autres fonctions comme la mesure de l’uni. Mais le BIM n’est pas encore devenu un outil courant pour la gestion des réseaux.
Plusieurs articles de ce dossier illustrent ces changements. Mais si les connaissances et le savoir-faire sont toujours là, où est le problème ?
Il manque un effort collectif pour partager des méthodes robustes et validées, les adapter aux différents types de réseaux avec un seul objectif : la connaissance fine d’un patrimoine, de son état pour planifier et optimiser les investissements. Et les coûts ne sont pas un obstacle face à l’importance des enjeux.
Il faudrait éviter que l’expérience acquise ne soit pas utilisée par les gestionnaires de réseaux et que l’intelligence collective reste au bord de la route.