Dans une acception courante, la résilience d’une infrastructure est l’adaptation à un événement extérieur. De façon plus classique, il est en général question de sa robustesse, vérifiée par rapport à des risques identifiés : crue décennale ou centennale, séisme, glissement de terrain... Le cadre est fixé par des réglementations, des normes qui évoluent avec les retours d’expérience et l’amélioration des connaissances.
Depuis quelques années, le sens du mot résilience change. Les phénomènes qui endommagent les ouvrages sont plus nombreux : sècheresse, incendies, érosion des côtes, montée des eaux, effondrement de ponts.
Les événements « exceptionnels » se multiplient et se banalisent. Le changement climatique en est la cause principale et nos approches classiques sont à revoir pour prendre en compte ces phénomènes et adapter nos infrastructures. Il y a urgence.
Les coûts d’adaptation donnent le vertige. Dans la zone Asie Pacifique, pour rendre les infrastructures moins vulnérables (« climate proof »), les investissements doivent être majorés de 15 %, selon la banque asiatique de développement.
À partir du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) officialisé en 2011, des évaluations ont été faites dans le domaine des infrastructures. Plusieurs exemples figurent dans le dossier. L’analyse de risque réalisée pour la DIR Méditerranée est applicable à toutes les régions pour ce qui constitue l’ossature principale des infrastructures : chaussées et équipements, ouvrages d’art et d’assainissement. Il faudrait y ajouter les réseaux d’eau, les réseaux électriques, internet et étendre l’analyse au domaine ferroviaire.
Les défaillances potentielles sont à analyser pour mesurer la résilience et le fonctionnement en mode normal ou dégradé. Plusieurs projets, initiés par les directeurs des routes européens étudient l’impact du changement climatique sur les infrastructures. Le projet Watch en fait partie et présente une méthodologie pour la gestion des eaux.
Parmi les cas présentés, le plus abouti est celui des aéroports, qui évalue les impacts sur les différentes composantes d’un aéroport avec plusieurs hypothèses climatiques. Les exploitants ont dès lors la possibilité d’agir pour améliorer la résilience au changement climatique.
À travers ces études, on voit que des méthodologies sont en cours d’élaboration et certaines déjà applicables. Elles devront être adaptées en fonction des données disponibles, en constante évolution. Si les hypothèses pour les horizons de court terme sont connues, ce n’est pas encore le cas pour des échéances plus lointaines.