Lorsqu’on aborde la décarbonation des travaux publics, il convient de distinguer les émissions liées à l’acte de construire de celles liées à l’usage des infrastructures. La phase de construction, représentant 3,5 % des émissions de CO2 en France, est dominée par la production des matériaux (acier, béton, granulats, bitume…) et la consommation de gazole non routier (GNR).
Les émissions liées aux matériaux montrent des perspectives prometteuses de décarbonation, en particulier grâce à des efforts soutenus par les pouvoirs publics.
En ce qui concerne la consommation d’énergie, le secteur des travaux publics utilise actuellement environ 1 million de m3 de GNR par an. Bien que les petits engins électriques progressent, la demande en carburant liquide bas carbone restera significative dans les décennies à venir. C’est la raison pour laquelle la FNTP milite pour que les travaux publics soient reconnus comme secteur prioritaire pour l’accès aux biocarburants et pour la mise en place d’une filière d’avitaillement performante.
L’accélération de la décarbonation des chantiers repose sur plusieurs axes : l’accompagnement des entreprises via des outils et services, SEVE-TP, des formations et un référentiel de matériaux bas carbone, ainsi que l’intégration des critères environnementaux dans la commande publique. Bien que ces critères se développent, il est encore trop tôt pour évaluer pleinement leur impact environnemental.
En France, 50 % des émissions de CO2 sont à liées l’usage des infrastructures. La nécessité d’adapter les territoires au changement climatique devient primordiale, tout comme l’intégration de la biodiversité, notamment à travers des initiatives comme la loi sur la zéro artificialisation nette (ZAN) et la réhabilitation des friches. Le génie écologique prend également une place croissante dans les marchés de travaux publics.
Les collectivités locales, principaux acteurs de la transition écologique, ont augmenté leurs investissements en faveur du climat, atteignant 10 Md€ en 2023. Mais ces montants sont encore en deçà des besoins, estimés à 19 Md€ par an entre 2024 et 2030, et les perspectives de financement public sont incertaines, notamment en ce qui concerne les dotations d’investissement aux collectivités locales, qui pourraient être réduites.
Finalement, la réussite de la décarbonation, qu’il s’agisse de la phase de construction ou de l’usage des infrastructures, dépendra de la visibilité et du financement que les entreprises et les collectivités locales pourront obtenir pour mener à bien cette transition écologique.