Journée technique VECU : « Harmonie entre nature, aménagement et béton »

Olga DubostRGRA

Le Département des Hauts-de-Seine (CD 92) et le comité VECU, groupe de réflexion du Specbea (Spécialiste de la chaussée en béton et des aménagements), en partenariat avec CIMbéton (Centre d’information sur le ciment et ses applications) et le SNBPE (Syndicat national du béton prêt à l’emploi), ont organisé, le 4 octobre 2022, une journée technique sur le thème « Harmonie entre nature, aménagement et béton ».

Lors de la session d’ouverture de la journée, qui a réuni maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre de conception et de réalisation, fournisseurs et entreprises d’application (photo 1), Christian Lemoing, directeur des Parcs, des Paysages et de l’Environnement du Département des Hauts-de-Seine, a souligné l’engagement du Département sur les thématiques de protection de l’environnement :

• Il a été l’un des premiers à s’engager dans une véritable politique de protection de son environnement (depuis 1995).
• Pionnier dans l’abandon des produits phytosanitaires (10 ans avant la loi Labbé de 2014), il gère 630 hectares de parcs, jardins, promenades et sites à vocation sportive, parmi lesquels 18 de ses plus grands sites sont labelisés Eve^® (label Ecocert destiné à valoriser les pratiques écologiques dans la gestion des espaces verts).
• Sa politique de déplacements est tournée depuis des années vers la réduction de l’empreinte carbone des mobilités (contribution au financement des prolongements de RER et de métro, des tramways ; requalification de sa voirie au profit des modes doux, de la végétalisation et de la gestion raisonnée de l’eau).

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Session d’ouverture de la journée technique VECU.

Parmi les actions du Specbea, on peut citer la réalisation de travaux variés :

• études techniques et recherche sur les techniques (béton drainant, îlots de chaleur urbains, barrières en béton…) et la mise en œuvre (fissuration, vibration…) ;
• méthodologie : recueil de retours d’expérience, de bonnes pratiques… et proposition de guides ou notes ;
• expertise et assistance à ceux qui y font appel ;
• formation et qualification : identifications professionnelles de la FNTP et certificats de qualification professionnelle (CQP).

Ainsi, la journée technique « Harmonie entre nature, aménagement et béton » constitue une occasion pour la communauté professionnelle (maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entreprises et fournisseurs) de tenter de répondre aux solutions qu’elle est susceptible de retenir afin d’œuvrer pour la transition écologique³ .

DÉMARCHE ENVIRONNEMENTALE ET SOCIÉTALE
DES ACTEURS DU BÉTON D’AMÉNAGEMENT

François Redron, directeur général de CIMbéton, a rappelé quelques chiffres relatifs à l’empreinte carbone du béton (figure 1) :

• Le béton représente 2  % de l’empreinte carbone de la France (13,7  Mt  CO₂ sur 750 Mt) et 7  % de l’empreinte carbone du monde (3,2 MMt CO₂ sur 43 MMt).
• L’empreinte du béton est de 200  kg  CO₂/m³ de béton, soit 85 g CO₂ /kg de béton (de la fabrication à la fin de vie en passant par la mise en œuvre et la vie de l’ouvrage).
• Alors que l’empreinte de la France a augmenté de 20 % en 30 ans (entre 1990 et 2020), celle du ciment a baissé de 40 %.

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L’empreinte carbone du béton.

SFIC - CIMBÉTON

Malgré ces chiffres encourageants, les professionnels qui fabriquent et utilisent du béton doivent poursuivre leurs efforts en s’appuyant principalement sur trois leviers :

• en réduisant l’énergie et les combustibles nécessaires pour produire et transporter le béton ;
• en diminuant la proportion de clinker et en augmentant celle de matériaux alternatifs (laitiers, cendres, sédiments…) dans la composition des ciments ;
• en captant, stockant et réutilisant du CO₂.

Xavier Barth, président du collège Île-de-France du SNBPE, a indiqué que les entreprises développaient de nombreux bétons pour répondre aux attentes sociétales en termes d’environnement.

Parmi ces formules, il a cité :

• les bétons drainants, qui permettent de réduire l’imperméabilisation des sols et donc les risques d’inondations ;
• les bétons décoratifs clairs, qui limitent les effets d’îlots de chaleur urbains en réfléchissant les rayons solaires.

Selon Fabrice Bonin (Specbea), les professionnels du béton coulé en place sont particulièrement engagés dans l’objectif de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre, notamment par le biais :

• de la réutilisation et de la valorisation  : retours des toupies, déconstruction-recyclage, valorisation en sous-œuvre et en apparent, multirecyclage… ;
• du choix du matériel de mise en œuvre : gestion des rejets (laitances, poussières, eau) et lutte contre la pénibilité (matériels definition radiocommandés, outils manuels adaptés aux postures…).

Le rôle des applicateurs ne doit pas être négligé. Ainsi, il convient de privilégier des matériaux, une production et des entreprises de proximité, afin de limiter les déplacements des matériaux et des équipes de mise en œuvre. Par ailleurs, l’application d’une protection de surface (imprégnation, film hydrophobe…) et un entretien courant simplifié évitent le vieillissement prématuré des bétons, et donc leur remplacement.

F. Bonin a ensuite souligné les intérêts du béton en termes de développement durable :

• Matériau clair à faible albédo, il peut contribuer à la lutte contre les îlots de chaleur urbains.
• Différentes formules et solutions peuvent être retenues pour désimperméabiliser les sols : bétons drainants, bétons alvéolaires (remplissage enherbé, végétal…), chaussées réservoirs…
• La démarche «  Revêtement et lumière » (adaptation de la quantité de lumière aux propriétés du revêtement) et l’usage de granulats luminescents peuvent aider à maîtriser la dépense énergétique de nuit. 
• Certaines fonctionnalités du béton, matériau inerte, peuvent être favorables à l’environnement (« piégeage » du CO₂, autonettoyage, dépollution…). Différents projets de recherche, passés (Recybéton), en cours (Fastcarb) ou à venir (sur les îlots de chaleur urbains) témoignent du dynamisme de la filière sur ces sujets.

PUBLICATION SUR LES RÈGLES DE L’ART CONCERNANT
LES BÉTONS DÉCORATIFS

Après en avoir détaillé la genèse, JeanPierre Christory, consultant, et Samuel Béard, président du comité VECU, ont présenté la dernière publication du Specbea, parue en 2019 : le tome 3 Les règles de l’art (photo 2), de la collection Les Bétons décoratifs : voiries et aménagements urbains^1-2.

Les travaux du comité VECU se poursuivent : un dépliant « Points essentiels des règles de l’art et des clauses techniques d’un cahier des charges » devrait être prochainement disponible. Par ailleurs, d’autres travaux connexes sont entrepris au sein du Specbea : 

• Le CQP « Chef applicateur en béton décoratif » est en bonne voie d’avancement.
• Les domaines d’emploi et les règles de l’art actualisées de la technique des bétons drainants sont en cours d’exploration.

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Couverture de la dernière publication du Specbea.

ACHATS RESPONSABLES ET ÉCONOMIE CIRCULAIRE AU SEIN DU CD 92

L’intervention de Lucile Mauranne, chef de l’Unité des politiques environnementales du Conseil départemental des Hauts-de-Seine (CD 92), était consacrée à l’engagement du Département pour une commande publique responsable avec pour objectifs, d’ici à 2025 :

• 100  % des marchés avec au moins une considération environnementale ; 
• 30 % d’entre eux avec au moins une considération sociale.

Parmi les quatorze actions du Plan de décarbonation 2022-2024 du CD 92, la première prévoit ainsi de systématiser le recours aux considérations environnementales dans les marchés publics et d’établir un contrôle de leur application par les prestataires.

Concernant plus spécifiquement la direction des Parcs, des Paysages et de l’Environnement (DPPE), le CD 92 a mis en place toute une série d’exigences environnementales : dans ses marchés, fourniture de références et de certificats de qualification professionnelle ou leur équivalent par les candidats ; diverses améliorations à apporter à la gestion de ses 18 parcs labellisés Eve^® ; élaboration d’un Plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) 2022-2026…

TRAVAUX D’AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS SUR LE PARC
DÉPARTEMENTAL DES CHANTERAINES

Le parc départemental des Chanteraines, qui occupe 87 ha, a été aménagé progressivement à partir de 1972. Depuis 2018, des aménagements y ont été réhabilités et des équipements nouveaux y ont été construits, avec de fortes exigences environnementales  : récupération et réutilisation in situ des matériaux du chantier, désimperméabilisation des sols, gestion des eaux de pluie et ruissellement, innovations techniques de mise en œuvre (photo 3).

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Allée réaménagée du parc des Chanteraines.

CD 92

Trois intervenants ont assuré la présentation de ces aménagements : Florence Pultier, adjointe du chef du service territorial nord du CD 92, Farid Chikh, chef de l’unité Ferme pédagogique du parc des Chanteraines et Joseph Abdo, JA Consulting / CIMbéton.

Les aménagements et les travaux réalisés feront l’objet d’un article dans la RGRA au premier trimestre 2023.

BILAN DE LA MATINÉE ET VISITE DU PARC DES CHANTERAINES

Au nom de l’AITF (Association des ingénieurs territoriaux de France), Guy Beurier a dressé le bilan de la matinée, en soulignant son « plaisir de participer aux réunions du comité VECU (…) car il s’en dégage : professionnalisme, technicité, enthousiasme, solidarité… ». Malgré les incertitudes économiques actuelles, « certaines tendances lourdes s’observent dans le domaine des aménagements urbains en béton  : la préoccupation environnementale et son corollaire, la préoccupation sociale/ sociétale ». Dans ce contexte, « le béton cherche à diminuer son empreinte en matière d’énergie, de matériaux, de mise en œuvre…, de nouvelles fonctions apparaissent (traitement des îlots de chaleur urbains, gestion de l’eau, éclairage…), encadrées par de nouveaux concepts (économie circulaire, zéro déchets…), qui prennent appui sur une démarche d’innovation et de recherche, ainsi que sur des publications ».

Dans le même temps, la dimension humaine est également prise en compte, par le biais de la formation, de la qualification, de la mise en avant de l’usage et de l’usager, de la lutte contre la pénibilité…

Dans ces démarches, portées par la profession, « le maître d’ouvrage joue un rôle central (…) pour identifier, spécifier et quantifier les besoins et les contraintes au travers d’un programme, comme celui qui a conduit au réaménagement du parc des Chanteraines ».

L’après-midi de cette journée a été consacrée à la visite des aménagements du parc, qui a illustré très concrètement les propos des conférences de la matinée. Les nombreux leviers d’action pour répondre à l’enjeu de la journée (« Comment préserver l’environnement avec une démarche d’économie circulaire dans les voiries en béton et les espaces verts urbains ? ») ont ainsi été mis en exergue.

RÉFÉRENCES 

1. Téléchargeable sur le site internet www.specbea.com rubrique Publications et sur le site www.infociments.fr rubrique Publications – brochures sur les bétons décoratifs : voiries et aménagements urbains.
2. J.-P. Christory, J. Abdo, O. de Poulpiquet, A. Joly, S. Beard, « Les bétons décoratifs : voiries et aménagements urbains - Tome 3 : “Les règles de l’art” », RGRA n° 972, mai 2020.
3. Présentations téléchargeables sur le site internet www.specbea.com rubrique Nos actions/Les journées techniques