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Avancée des travaux de la gare Arcueil Cachan.
SOCIÉTÉ DU GRAND PARIS / GÉRARD ROLLANDO

Grand Paris Express : description et état d’avancement
Sandrine GourletDirectrice des relations extérieures - Société du Grand Paris

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Le Grand Paris Express (GPE), piloté par la Société du Grand Paris (SGP), a vocation à faciliter la mobilité des Franciliens en leur offrant des liaisons en rocade couplées aux modes doux. L’aménagement des quartiers autour des 68 gares du nouveau métro doit également contribuer à en faire un projet phare de la transition écologique. Fin 2020, toutes les lignes du GPE seront engagées dans les travaux de génie civil. Aujourd’hui, le projet emploie près de 7 000 personnes et soutient l’activité économique d’entreprises de toutes tailles grâce à plusieurs milliards d’investissement par an.

En région parisienne, les axes routiers étant saturés, les difficultés de circulation et de stationnement et les pics de pollution restreignent l’usage des voitures ; les transports en commun inter-banlieues, trop peu développés, rendent les déplacements souvent longs et compliqués.

Le Grand Paris Express (GPE) a pour objectif d’offrir aux habitants de l’Île-de-France une plus grande unité en créant de nouveaux liens entre les territoires et en proposant une réelle alternative à la voiture. Il devrait réduire la pollution, les embouteillages et contribuer à la création d’une métropole plus connectée, plus ouverte et plus respectueuse de l’environnement.

Description du projet

Avec ses 4 nouvelles lignes, ses 200 kilomètres de voies supplémentaires, ses 68 nouvelles gares et ses 7 centres techniques, le GPE est définitivement le plus grand projet de métro en Europe. Les 200 kilomètres de nouvelles lignes de métro automatiques supplémentaires seront à 90 % souterrains. Le projet se décompose de la façon suivante (figure 1) :

  • La ligne 14 est prolongée au sud sur 14 kilomètres en souterrain. Elle déplace ainsi son terminus à Orly et offrira une liaison rapide entre Paris et l'aéroport d'Orly. La ligne 14 Nord sera prolongée sur 5,8 kilomètres entre Saint-Lazare et Mairie-de-Saint-Ouen. L'étape suivante consistera à prolonger la ligne jusqu'à Saint-Denis-Pleyel. Une fois achevée, la ligne 14 sera l’épine dorsale de la capitale parisienne.
  • Une nouvelle ligne, la 15, est construite en rocade de Paris. C’est la plus grande ligne du projet puisqu’il s’agit d’ajouter 75 kilomètres de voies entièrement souterraines au réseau actuel. Elle se décompose en 3 tronçons distincts :
    - D’une longueur de 23 kilomètres, la ligne 15 Est assurera, avec la ligne 16, la desserte et la mise en réseau des territoires de l’est francilien.
    - La ligne 15 Ouest, longue de 20 kilomètres, profitera à plus de 800 000 habitants des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis.
    - De Pont-de-Sèvres à Noisy-Champs, la ligne 15 Sud reliera 16 gares, en 37 minutes, sur 33 kilomètres.
  • La ligne 16, construite sur une longueur de 29 kilomètres intégralement souterrains, est essentielle au développement de l'est de la métropole. Elle irriguera l'est de la Seine-Saint-Denis jusqu'à la grande couronne en desservant les gares de Chelles et de Noisy-Champs.
  • La ligne 17, construite au nord de Paris sur une longueur de 27 kilomètres dont 5,5 en aérien, s’étend sur 12 communes dans les départements de la Seine-Saint-Denis, du Val-d’Oise et de la Seine-et-Marne.
  • Longue de 35 kilomètres, dont 14 en aérien, la ligne 18 desservira l’un des premiers pôles de recherche et développement du monde, implanté en grande couronne, sur le plateau de Saclay. Les grands pôles économiques d’Orly, Saint-Quentin-en-Yvelines et Satory bénéficieront de cette nouvelle offre de transport. La ligne 18 reliera l’aéroport d’Orly à Versailles et offrira des correspondances avec les autres modes de transport.

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Carte du réseau du Grand Paris Express.
Carte du réseau du Grand Paris Express.

Pour mener à bien le plus grand chantier de métro d'Europe, l’État a créé la Société du Grand Paris (SGP), un établissement public dont la mission est de piloter le déploiement et le financement du GPE et d'organiser les relations entre elle et les autres acteurs concernés (Île-de-France Mobilités, RATP, SNCF, élus, etc.). Elle assure la construction des infrastructures qui composent le réseau et acquiert, pour le compte d’Île-de-France Mobilités, les matériels roulants qui le parcourront. Le projet prévoit également l’aménagement de nouveaux quartiers autour de ses 68 gares.

C’est donc sous la maîtrise d’ouvrage de cette entité que la construction des 4 nouvelles lignes (15, 16, 17 et 18) s’opère, la RATP étant le maître d'ouvrage des travaux de prolongement de la ligne 14 Sud. La maîtrise d'ouvrage du prolongement de la ligne 14 au nord entre Mairie-de-Saint-Ouen et Saint-Denis-Pleyel est assurée par la SGP pour ce qui est du génie civil et par la RATP pour ce qui concerne les systèmes.

Le GPE en chiffres 
• 200 km de métro, dont 90 % souterrain et 100 % accessible aux personnes à mobilité réduite
• 4 nouvelles lignes (15, 16, 17 et 18)
• 1 prolongement de ligne (ligne 14)
• 68 nouvelles gares
• Des trains 100 % automatiques qui circuleront toutes les 2 à 3 minutes à une vitesse comprise entre 55 et 65 km/h
• 2 à 3 millions de voyageurs attendus chaque jour
• 35 milliards d’euros d’investissement

Avancée des chantiers

Initié en 2010, le projet du GPE est aujourd’hui à mi-parcours. Après une année 2019 marqué par une montée en puissance des travaux, il poursuit son industrialisation en 2020 avec 150 chantiers actifs, dont 34 gares en construction. L’intégralité du tronçon sud de la ligne 15, la ligne 16 entre Saint-Denis Pleyel et Clichy-Montfermeil ainsi qu’une partie de la ligne 17 sont en phase de génie civil. Au total, 20 tunneliers (photo 1) seront opérationnels d’ici la fin de l’année : du jamais vu en Europe !

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Descente de la roue de coupe du tunnelier Camille à Créteil-L’Échat.
Descente de la roue de coupe du tunnelier Camille à Créteil-L’Échat.
Société du Grand Paris / Axel Heise

Pour rendre possible la réalisation de ce projet, la SGP a doublé ses effectifs en 2019 en recrutant plus de 230 collaborateurs. Cet effort se poursuit en 2020 avec 300 recrutements supplémentaires (150 ont déjà été effectués). Parmi les profils recrutés, des contract managers, des acheteurs, des juristes ou encore des ingénieurs spécialisés en génie civil. De plus, l’entreprise s’est installée en janvier 2020 dans son nouveau siège à Saint-Denis, pour accueillir les 1 100 collaborateurs et assistants à maîtrise d’ouvrage nécessaires à la réalisation du projet.

Parallèlement, la dynamique des attributions de marchés du GPE ne faiblit pas. Pendant le confinement, la SGP, dont les équipes avaient intégralement basculé en télétravail, a attribué :

  • le premier lot de génie civil de la ligne 18 au groupement Vinci Construction-Spie Batignolles ;
  • les deux premiers marchés d’aménagement tous corps d’état de la future gare Saint-Denis-Pleyel à Besix et du futur centre d’exploitation d’Aulnay sur les lignes 16 et 17 au groupement Brézillon.

Les deux premiers marchés de façades de quai des lignes 16 et 17 et le tronçon sud de la ligne 15 ont été attribués fin juin au groupement INEO UTS (filiale d’Engie solution) - Portalp et au groupement Gilgen Door Systems AG-SDEL INFI.

D’ici la fin de l’année, de nouvelles étapes décisives rythmeront la construction du nouveau métro, parmi lesquelles la soudure du premier rail à Noisy-Champs, la publication du second avis d’appel public à la concurrence pour le marché de conception réalisation du tronçon de la ligne 15 Est reliant Champigny-Centre à Bobigny, ainsi que la notification du marché de travaux d’ouvrages d’art du viaduc, des rampes et des ouvrages de génie civil de la section aérienne de la ligne 18 entre Palaiseau et Magny-les-Hameaux. Une rame à l’échelle 1 des futures lignes 15, 16 et 17 sera également présentée au public à la Fabrique du métro, lieu d’exposition et d’expérimentation du futur métro situé à Saint-Ouen.

Financement du projet

Ces actions traduisent la volonté de la SGP de tout mettre en œuvre pour une réalisation optimale du GPE. Mais une telle ambition ne pourrait se concrétiser sans son modèle de financement solide, unique dans la sphère publique, fondé sur des recettes fiscales de 600 millions d’euros par an et le recours à l’emprunt.

Depuis le début de l’année 2020, l’entreprise a ainsi réalisé 3 émissions d’obligation verte pour un montant total de 4,75 milliards d’euros, dont l’émission verte la plus longue de l’histoire pour 2,5 milliards d’euros d’échéance 18 février 2070. Le succès de ces émissions vertes confirme la confiance des investisseurs dans le GPE, projet durable, et consolide son financement.

Sans cette capacité d’emprunt, la SGP devrait adapter ses plannings d’appels d’offres à la chronologie des recettes fiscales. Plutôt que de dépenser 4 milliards d’euros cette année, l’entreprise n’investirait que 600 millions d’euros. Par conséquent, le GPE ne serait pas mis en service en 2030, mais en 2075...

Opportunités liées au GPE

Relance économique

Le GPE est un levier majeur pour la relance économique de la France, puisqu’il représente déjà 4 à 5 milliards d’euros de commande par an au profit des entreprises et de l’emploi. À ce jour, près de 7 000 personnes travaillent sur les chantiers du GPE et, dans les trois à cinq ans, ce chiffre s’élèvera à 15 000 personnes.

Pour que les travaux bénéficient à tous, la SGP a inclus dans ses marchés de génie civil des clauses qui imposent que 5 % au moins des heures de travail sur ses chantiers soient réservées à des personnes éloignées de l’emploi et une clause demandant aux entreprises qui répondent à ses appels d’offres d’intégrer des PME en sous-traitance à hauteur de 20 % de leur marché global. Plus de 4 000 entreprises bénéficient ainsi des commandes liées au GPE, dont près de 3 000 TPE/PME, y compris hors Île de France. Au total, 1 647 personnes en insertion ont travaillé sur un chantier du GPE depuis 2016.

Amélioration des déplacements

En matière de transport, le GPE va améliorer la desserte des quartiers populaires aujourd’hui peu ou pas desservis, rendre possible les déplacements de banlieue à banlieue et décongestionner le centre de Paris grâce à ses 200 km de métro en rocade interconnectés au réseau actuel. Ainsi, des millions de Franciliens pourront facilement accéder aux bassins d’emploi, aux centres de santé, aux infrastructures sportives, aux lieux culturels et aux quartiers d’affaires. Ces déplacements seront rapides et agréables, grâce notamment à une réduction substantielle du temps de parcours.

Concrètement, aujourd’hui, un habitant de Clichy-Montfermeil accède en 45 minutes à 300 000 emplois. Demain, avec le GPE, toujours en 45 minutes, cet habitant accèdera à 3,5 millions d’emplois. À ce titre, le GPE est un vecteur majeur de réduction des inégalités. Autre exemple, un chercheur de Saclay ne mettra que 40 minutes pour rejoindre la Défense contre 1 h 04 aujourd’hui.

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Bétonnage de la dalle sur le chantier de la gare de Saint-Maur-Créteil.
Bétonnage de la dalle sur le chantier de la gare de Saint-Maur-Créteil.
Société du Grand Paris / Gérard Rollando

Aménagement urbain et report modal

Outre sa dimension transport, le GPE est un acte d’aménagement de la région capitale. La crise sanitaire a mis en exergue la surpopulation et la vétusté de nombreux habitats. Il y a donc urgence à agir. Les 68 gares du GPE ont précisément vocation à faire émerger 68 nouvelles « villes du quart d’heure du Grand Paris » au profit de l’amélioration de la qualité de vie des Franciliens.

Le potentiel est immense : 80 à 100 milliards d’euros d’investissement, 30 millions de m2 à développer sur 140 km2, soit une fois et demie la superficie de Paris intramuros. Ces surfaces contribueront à rebâtir la ville sur elle-même, une ville moderne et équilibrée offrant toutes les aménités d’une vie quotidienne agréable.

En encourageant cette transformation urbaine, le GPE limitera l’étalement urbain, néfaste en matière d’artificialisation des sols. De plus, près de 90% des Franciliens habiteront à moins de 2 kilomètres d’une gare, ce qui favorisera une intermodalité efficace et l’usage de modes de transport plus respectueux de l’environnement : bus, vélo, marche… De quoi réduire l’utilisation de la voiture. En effet, grâce au report modal, le nouveau métro permettra d’économiser entre 27,4 et 51,3 millions de tonnes d’équivalent carbone d’ici à 2070. En ce sens, le GPE est une réponse concrète à l’urgence climatique.

Retour sur la crise sanitaire : suspension et reprise des chantiers
Le 17 mars, la SGP a pris la décision d’arrêter ses chantiers, en coordination avec les entreprises partenaires, dès qu’il s’est avéré difficile d’assurer la sécurité des compagnons et des avoisinants. Puis, à partir du 20 avril, les travaux du GPE ont repris progressivement avec une vigilance redoublée sur le sujet des nuisances sonores. Cette reprise a démarré par la réorganisation des bases vie avec la mise en place de nouvelles règles de sécurité et l’organisation même des chantiers. À la mi-mai, tous les chantiers du GPE avaient repris dans le respect des mesures sanitaires mises au point pour garantir la sécurité des compagnons.

 

 

Revue RGRA