Journée d’information sur les techniques d’auscultation et la durée de vie des chaussées
À mi-programme du projet national de recherche DVDC (Durée de vie des chaussées), qui regroupe 40 partenaires et bénéficie du soutien de la DGITM (direction générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer), la journée organisée le 23 janvier a permis de rendre compte de nombreuses avancées dans les différents domaines concernés par les thématiques de DVDC.
Sous l’égide de Dominique Jaumard, président du projet, et en présence de David Zambon, directeur général de l’Idrrim, il a été rappelé que les travaux réalisés dans le cadre de DVDC ont pour objectif de mieux appréhender l’état d’un réseau et les mécanismes de dégradation afin d’aider les gestionnaires à optimiser leur politique d’entretien routier.
Retours d'expérience sur les mécanismes de dégradation
Les présentations ont commencé avec les premiers bilans des retours d’expérience sur les mécanismes de dégradation. Jean-Pierre Marchand et Bruno Espinasse (CD 63) ont détaillé les informations recueillies auprès de 23 conseils départementaux par le biais d’un questionnaire qui leur a été envoyé. Ces informations révèlent des situations très différentes en termes de structure de chaussée et de politique d’entretien selon la classe de réseau (du structurant au plus faible trafic). L’attente des gestionnaires pour ce qui concerne la durée de vie de certaines techniques n’est pas toujours satisfaite et la fissuration par le haut des enrobés devient une problématique majeure du réseau départemental. Enfin, un focus a été réalisé sur les giratoires et sur le réseau routier de montagne. Le groupe de travail poursuit ses investigations auprès des métropoles.
Techniques d'auscultation des chaussées
Frédéric Sagnier (Technologies Nouvelles) et Sébastien Wasner (Cerema) ont présenté les travaux sur la révision de la méthode d’auscultation 38-2 et les avancées sur une méthodologie commune aux relevés automatiques. Concernant la méthode 38-2, les travaux sont en cours de finalisation avec un objectif de simplification, d’objectivisation et de diversification (prise en compte d’éléments annexes à la chaussée). Quant aux relevés automatiques, les nouvelles générations d’appareils de relevé de type LCMS soulignent la nécessité d’obtenir des descripteurs de dégradations communs pour pouvoir ensuite calculer des indicateurs d’état. Des essais avec différents matériels sont prévus sur le réseau autoroutier au printemps. Enfin, de nouveaux appareils permettant de réaliser des mesures de déflexion à haut rendement ont été présentés.
Jean-Marc Martin (université Gustave Eiffel - UGE) et Stéphane Terret (CD 27) ont expliqué en quoi le projet Miranda d’auscultation simplifié pouvait répondre aux attentes de certains gestionnaires. Les données issues de smartphones ont été comparées à celles provenant de capteurs sur roue (UniWheel), d’UniBox et de MLPL (appareil de référence) pour la mesure d’uni. Il s’avère que l’UniWheel délivre des valeurs en NBO (notation par bandes d’ondes) et IRI (indice de rugosité international) proches de celles des appareils de référence. Des études sont en cours afin de compléter Miranda par une évaluation de l’état de surface. L’intérêt de ce type d’appareil pouvant être installé sur les véhicules de patrouilleurs est important pour les réseaux de 3e et 4e catégories.
La matinée s’est conclue avec l’intervention de Pascal Trottier (Pavexpert) et Ludovic Perisse (Eiffage) sur les objectifs du groupe de travail « Audit et diagnostic de chaussées » au sein de Routes de France. La feuille de route est d’accompagner les gestionnaires de réseau vers un choix plus ciblé de leurs auscultations en fonction de leurs besoins. Sur le même principe que les missions géotechniques, les domaines de l’auscultation peuvent se découper en plusieurs tâches allant du simple relevé à un accompagnement dans la stratégie pluriannuelle d’entretien. Le gestionnaire pourra ainsi choisir, selon ses ressources propres, quelles missions rentrent dans le marché d’auscultation.
Compréhension des mécanismes de dégradation
Les sessions de l’après-midi ont été consacrées aux études sur les modes d’endommagement des chaussées. Bertrand Pouteau (Eurovia) a présenté les différentes approches de modélisation menées par l’UGE, l’INSA Strasbourg et l’université de Limoges. Il a également rendu compte des premiers résultats d’une thèse en cours à l’ENTPE sur l’impact des cycles de gel-dégel sur le comportement des enrobés. Les éprouvettes d’enrobés avec liant neuf ou vieilli, à l’état sec ou saturé, sont soumises en laboratoire à différents cycles de gel-dégel, puis testées en module complexe, fatigue et retrait empêché (TSRT).
En complément de ces travaux, Pierre Hornych (UGE) a exposé différentes études lancées suite aux dégâts hivernaux de 2009 qui s’étaient traduits par des phénomènes de pelades généralisées. Des essais de gonflement au gel en déformation libre ont montré l’influence de la saturation en eau des éprouvettes. Par ailleurs, le front de gel à l’interface d’un enrobé saturé et d’un enrobé non saturé génère des efforts de cisaillement importants. Les études se poursuivent, notamment dans le cadre d’une collaboration avec le ministère du Transport du Québec. Anne Dony (ESTP Paris), Laurent Brissaud et Philippe Barrière (Colas) ont fait le point sur l’élaboration d’un essai de caractérisation du collage des couches. Après la définition du cahier des charges, un prototype a été testé afin de valider la pertinence de l’approche proposée. Une procédure de mesure de la température et des valeurs seuils pour qualifier ou non le collage des couches est en cours d’élaboration. Un lancement commercial du prototype devrait être décidé courant 2020.
Pierre Hornych est intervenu pour présenter les travaux sur le vieillissement des liants bitumineux, qui font partie du projet ANR MoveDVDC, en charge d’évaluer et modéliser les phénomènes d’endommagement des liants. Ces travaux font appel à des essais sur éprouvettes de laboratoire et sur prélèvements de chantier et à des essais physico-chimiques et rhéologiques. Il conviendra ensuite de relier les résultats des différents protocoles d’essais aux endommagements constatés sur l’enrobé et à modéliser les lois de vieillissement.
Conclusion
En conclusion de cette journée, Dominique Jaumard et Claude Rospars ont souligné la qualité des présentations et des échanges et ont remercié les contributeurs du projet national.