En octobre 2018, les équipes d’ATMB (Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc) et du département des Infrastructures du canton de Genève ont ouvert la première voie de covoiturage sur autoroute (A411), binationale et transfrontalière, entre la France et la Suisse. Cette voie vise à réduire les impacts de la circulation des trajets domicile-travail en favorisant le covoiturage.
Le bassin de vie transfrontalier genevois est en plein essor et en forte croissance démographique. Près de 300 000 personnes franchissent les frontières du canton de Genève deux fois par jour. Malgré l’offre de transports en commun, qui rencontre un large succès et qui sera encore renforcée, en décembre 2019, par la mise en service du réseau ferroviaire Léman Express, la voiture individuelle reste le moyen de déplacement privilégié d’une grande majorité de pendulaires. Cette situation engendre une congestion importante au niveau de la douane franco-suisse de Thônex-Vallard (A411), avec un trafic de 17 000 à 22 000 véhicules par jour.
La création de la voie de covoiturage a pour objectif de réduire les impacts liés à la circulation des trajets domicile-travail en favorisant le covoiturage sur un axe majeur du réseau autoroutier d’ATMB (Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc) . À Genève, il est connu que la circulation est plus fluide durant la période des vacances d’été (juillet-août). Pourtant, la baisse de trafic reste relativement faible, avec des ordres de grandeur situés entre 5 % et 10 % de véhicules en moins. Une augmentation de la part des covoitureurs de 8 % permettrait donc de rouler toute l’année dans les mêmes conditions qu’en été.
UNE EXPÉRIMENTATION FRANCO-SUISSE INÉDITE
• Sens Suisse => France : longueur de 450 m ouverte de 15h30 à 18h30
• Voie réservée aux véhicules ayant au moins 2 personnes à bord, conducteur inclus
C’est pourquoi l’État de Genève et ATMB ont décidé d’expérimenter un projet pilote unique en France comme en Suisse en créant une voie réservée aux voitures contenant au minimum deux personnes. Ce projet est une première à plusieurs titres : première voie de covoiturage sur autoroute, première voie de covoiturage binationale et première voie de covoiturage avec passage de douane. L’objectif est de favoriser la progression des covoitureurs sur un axe majeur du réseau autoroutier d’ATMB autour de Genève.
Le projet consiste en l’expérimentation, sur la période d’octobre 2018 à septembre 2019, au niveau du franchissement de la douane de Thônex-Vallard, d’une nouvelle voie réservée au covoiturage de part et d’autre de la frontière et dans les deux sens de la circulation (photo 1 et figure 1). Cette voie est ouverte aux heures de pointe par les douaniers en poste : généralement de 6h à 9h, le matin, dans le sens France-Suisse et de 15h30 à 18h30 environ, le soir, dans le sens Suisse-France, permettant un gain de temps de près de 33 %.
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Les équipes du département des Infrastructures du canton de Genève et d’ATMB ont travaillé en accord avec la réglementation propre à chaque pays pour concevoir un panneau de signalisation franco-suisse, ce qui constitue une première pour les deux pays (photo 2).
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Un travail de concertation a également été nécessaire avec les équipes des douanes française et suisse afin de tenir compte de leurs missions et de l’intégration de la voie dans le flux de contrôle des douanes.
ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT AUPRÈS DES AUTOMOBILISTES
Pour informer et sensibiliser les automobilistes sur ce nouveau dispositif :
- Des panneaux lumineux et des panneaux travaux « jaunes » ont été déployés avant la mise en place de la voie de covoiturage et pendant les premières semaines pour informer la présence de la voie (photo 3).
- Une conférence de presse locale a été organisée afin de relayer dans les médias locaux la mise en place de ce nouveau dispositif.
- 2 000 flyers ont été distribués.
- Les clients d’ATMB ont reçu un mail d’information.
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Au bout de 4 mois, 3 000 nouveaux flyers ont été distribués pour informer et sensibiliser les conducteurs sur les bons comportements (photo 4).
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PREMIERS RETOURS DU TERRAIN
Les premiers retours sont très positifs. La voie de covoiturage est fluide et non embouteillée par rapport aux deux autres voies.
Sur cette voie, les covoitureurs voient leurs efforts récompensés par le gain de temps. Ils saluent le travail des équipes pour la mise en place de ce projet précurseur et dans l’air du temps. Cependant, il existe des infractions. La gendarmerie française se charge du contrôle sur cette section et verbalise les contrevenants. C’est un point de vigilance particulier qui nécessite un travail de proximité avec la gendarmerie pour dissuader et sanctionner les contrevenants.
Des opérations de contrôle sont menées chaque semaine, de manière aléatoire, afin d’ancrer les bons comportements dans la durée.
L’infraction est passible de 22 € d’amende pour non-respect de la signalisation. Il n’existe pas encore de sanction particulière pour non-respect du covoiturage. C’est un travail en cours sur lequel ATMB propose des actions dans le cadre du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM) en vue d’appliquer le même type d’infraction de 4e classe qui sanctionne une personne circulant dans une voie de bus.
Deux bilans de l’expérimentation, à 6 mois et à un an, seront réalisés grâce au dispositif de suivi mis en place par le Cerema.
Les bilans porteront notamment sur le comportement des automobilistes, les gains de trafic constatés, le taux de covoiturage, les temps de parcours ainsi qu’une enquête à destination des automobilistes.
« Cette expérimentation a vocation à être dupliquée et reprise par d’autres gestionnaires d’infrastructures pour démocratiser et faire entrer dans les pratiques ces nouvelles formes de mobilité plus vertueuses. Notre métier et notre responsabilité sont d’aménager l’infrastructure et d’encourager des modes de déplacement qui répondent aux besoins des nouvelles générations », insiste Florian Grange, chef de projet innovation chez ATMB.
La mission d’Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB) est de faciliter les déplacements au cœur de la Haute-Savoie, entre la Suisse et l’Italie, tout en contribuant au développement durable des territoires. Sur le réseau, travaillent chaque jour 356 collaborateurs d’ATMB pour l’Autoroute et la Route Blanches et 258 collaborateurs du GEIE-TMB (dont 70 pompiers) pour le tunnel du Mont-Blanc.
ATMB est une société anonyme détenue à 91,3 % par l’État et les collectivités territoriales. Elle est concessionnaire du tunnel du Mont-Blanc (11,6 km) avec son homologue italien SITMB, ainsi que de l’Autoroute Blanche (A40 et A411) sur 110 kilomètres et de la Route Blanche (RN 205) sur 20 kilomètres.