Récompensée en 2018 par les Trophées de la mobilité en Île-de-France pour la collecte des données combinées des disponibilités de places de stationnement en voirie et en souterrain et leur mise à disposition sur son portail data.issy.com, la ville d’Issy-les-Moulineaux a pour ambition de promouvoir un service facilitant la vie des automobilistes et contribuant à réduire le trafic automobile.
Alors que les épisodes de pollution se multiplient et que la qualité de l’air se dégrade, réduire le temps passé à rechercher une place de stationnement est un objectif atteignable. Or, selon plusieurs études, 20 à 30 % du trafic en ville est lié à la recherche d’une place. Il est donc nécessaire de trouver des solutions innovantes, s’appuyant sur les nouvelles technologies numériques de plus en plus utilisées par la population.
C’est dans ce contexte que la ville d’Issy-les-Moulineaux a réfléchi à mettre en œuvre des outils pour faciliter la recherche de places disponibles à distance, en voirie comme en parking en ouvrage, fluidifier le trafic et désengorger les zones urbaines.
PROJET SO MOBILITY POUR UNE SMART CITY
So Mobility1, projet de développement et de concrétisation d’usages innovants dans le domaine de la mobilité lancé en 2015 à Issy-les-Moulineaux, réunit
des acteurs reconnus dans le domaine du numérique, de l’aménagement urbain et de la mobilité, aux côtés de la Ville et du groupe Caisse des dépôts. D’abord lancé avec Bouygues Immobilier, Cisco, Colas et Transdev, il s’est ouvert à d’autres partenaires, dans un esprit d’open innovation. Il s’agit de penser et d’agir de concert afin d’apporter des solutions concrètes et durables pour les déplacements en ville.
Tous les partenaires du projet So Mobility ont décidé de travailler ensemble pour faire de la smart city plus qu’un concept et démontrer qu’elle peut concrètement changer la vie quotidienne des habitants des villes.
DES DONNÉES SUR PLUSIEURS CENTAINES DE PLACES
Pionnière dans le parking connecté avec l’adoption, dès 2009, du paiement dématérialisé avec PayByPhone, la Ville a décidé de rendre plus accessible l’information sur le stationnement.
Ainsi, depuis avril 2017, dans le cadre du projet So Mobility, les données de disponibilités en temps réel de plusieurs centaines de places de stationnement sont à la disposition des applications GPS et d’itinéraires via la plate-forme data.issy.com, développée par OpenDataSoft. La collecte de données combinées voirie/souterrain et leur ouverture sur une plate-forme open data préfigure ce que devrait être le rôle d’une collectivité locale dans ce domaine.
POSE DE CAPTEURS
Avec Colas, filiale du groupe Bouygues et leader mondial des infrastructures de transport, des capteurs Aximum ont été expérimentés sur la chaussée, sur des places de stationnement dans un parking en surface et en voirie sur une partie de l’île Saint-Germain (photo 1). Ces capteurs détectaient si une place était libre et transmettaient l’information en temps réel, permettant de savoir, à distance, si les places de parking étaient disponibles ou non. Si les capteurs ont été retirés à l’issue de l’expérimentation, la démonstration de l’efficacité de ce dispositif a été faite, autant sur le plan technique que sur la visualisation des données ainsi collectées.
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OUVERTURE DES DONNÉES
La clé du projet, c’est la mise à disposition en open data des données des capteurs combinées avec celles des parkings en ouvrage ouverts par l’exploitant Indigo sur le portail data.issy.com.
Grâce au portail, les développeurs d’applications de calcul d’itinéraires (par exemple Waze, Here, ViaMichelin ou Mappy) peuvent intégrer ces données dans leurs services, grâce aux fonctionnalités avancées de data.issy.com. Ainsi, les entreprises ont immédiatement à disposition le code informatique correspondant – appelé API par les techniciens.
Le jeu de données « Disponibilité en temps réel des places dans les parking Indigo » est d’ailleurs le plus téléchargé du portail open data d’Issy-les-Moulineaux.
QUELLES RETOMBÉES CONCRÈTES ?
La publication de ces données est précieuse, puisqu’elle permet aux conducteurs d’avoir une information à jour.
Ce flux de données n’est pas utile uniquement aux développeurs d’applications, mais également aux start-ups, qui développent de nouveaux services, et à la communication de la Ville, qui peut ainsi aider plus efficacement ses habitants et les personnes qui se rendent tous les jours sur son territoire.
Par exemple, à la suite de la réforme du stationnement, la Ville a créé une carte qui met à la disposition des usagers toutes les informations en temps réel, mais aussi celles associées à ces parkings. Cette carte signale aussi les emplacements libres pour le stationnement de personnes à mobilité réduite (PMR).
Pour innover efficacement dans un domaine où la multiplicité des acteurs peut constituer un frein, favoriser l’interopérabilité et l’ouverture des données est indispensable. Les expérimentations menées à l’échelle locale sont également essentielles pour mieux comprendre ce que les concitoyens attendent et mesurer plus rapidement ce qui fonctionne ou ce qui relève de la fausse bonne idée. Pour réduire la congestion des transports dans les villes, l’une des principales priorités des élus locaux depuis plusieurs années, différentes solutions existent. Les pouvoirs publics ont massivement investi dans les transports en commun, comme l’illustrent les efforts consentis pour construire le Grand Paris Express, mais il faut aller plus loin encore car l’augmentation des déplacements en milieu urbain n’est pas absorbée par ces nouvelles liaisons en transports en commun.
Il apparaît aujourd’hui nécessaire de développer des stratégies qui mobilisent d’autres outils que les infrastructures. Le développement des outils numériques offre l’opportunité de nouvelles approches, plus innovantes et, surtout, davantage guidées par les usages. Une étude publiée par Transdev sur les « voyageurs numériques »2 démontre clairement que la plupart des usagers considèrent que les services numériques sont de véritables assistants de leur vie quotidienne et qu’ils contribuent à changer les comportements.
Issy-les-Moulineaux est depuis longtemps engagée sur la voie de la modernisation des services publics grâce aux technologies numériques. Cela concerne tous les secteurs, et les transports sont depuis plusieurs années au cœur des réflexions sur ce sujet, partout dans le monde. Après avoir échangé avec d’autres villes en Europe, notamment dans le cadre de projets européens (ECIM, Open Transport Net, Polivisu), la Ville a mené plusieurs expérimentations sur le partage de parkings, la visualisation des trajets de bus en temps réel ou la recherche de places de stationnement sur smartphone (figure 1).
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La mise à disposition en open data des données de stationnement en temps réel s’inscrit dans un projet plus vaste, associant de nombreux acteurs, dont les collectivités territoriales (la région Île-de-France, le département des Hauts-de-Seine, le territoire de Grand Paris Seine Ouest), des grandes entreprises (La Poste, Indigo, Sogeti, Enedis, Ericsson), le monde académique avec (Institut supérieur d’électronique de Paris (ISEP), École des Ponts, pôles de compétitivité Cap Digital et Systematic), mais aussi de très nombreuses start-ups y ont répondu pour travailler ensemble et identifier plusieurs axes de développement pour :
- réduire les embouteillages grâce au big data, c’est-à-dire aux données collectées à partir de capteurs placés au sol ou sur candélabres aux principaux carrefours ;
- faciliter le stationnement avec le développement du parking partagé au sein de résidences de logements ou d’entreprises, ou la pose de capteurs sur voirie pour identifier les places disponibles sur smartphone ;
- développer l’information multimodale pour changer les comportements grâce à une information personnalisée et géolocalisée en temps réel ;
- anticiper les nouveaux modes de déplacements comme l’autopartage entre particuliers, le covoiturage en milieu urbain ou l’expérimentation de véhicules autonomes.
CONCLUSION
La conviction des décideurs d’Issy-les-Moulineaux repose sur une idée simple : il n’existe pas de baguette magique pour effacer les bouchons ou la congestion des transports en commun ! Mais il existe de nombreuses innovations qui, mises bout à bout dans une logique d’intermodalité, peuvent produire des résultats.
La Ville est donc ouverte à toute idée qui stimulerait l’innovation dans la mobilité, pour convaincre les autorités régulatrices de transports et tous ceux qui peuvent agir d’adapter de nouveaux réflexes, en commençant par faire confiance aux start-ups. Les travaux des 68 nouvelles gares du Grand Paris Express constituent ainsi une formidable opportunité de démontrer la capacité d’anticipation et d’adaptation des villes concernées. Ils marqueront peut-être le début d’une révolution des usages pressentie par chacun dans la manière de se déplacer pour se rendre sur son lieu de travail.
RÉFÉRENCES
- F. Marmier, « So Mobility : un projet dédié aux déplacements urbains », RGRA n° 932, décembre 2015.
- Transdev, « Les voyageurs numériques », septembre 2015.