La France a su constituer un patrimoine routier conséquent : 1,1 million de kilomètres, maillage national efficace et desserte sans compromis de tous les territoires. Ce patrimoine nous engage.
Il nous engage d’abord car reposent sur lui dynamisme économique et équité territoriale : 85 % des déplacements et 89 % du transport de marchandises se font par la route. Et ce réseau demeurera pour longtemps encore l’infrastructure majeure de nos déplacements, ne serait-ce qu’au regard de l’investissement que représenterait un autre réseau au maillage similaire.
Il nous engage de manière urgente par ses impacts sur le climat et l’environnement. Construction et entretien de l’infrastructure routière mobilisent une partie importante de la production nationale de granulats et génèrent des produits de déconstruction dont la valorisation peut encore être améliorée. De plus, cette activité contribue aux émissions de gaz à effet de serre et peut engendrer des pollutions locales.
Ce patrimoine, par ailleurs vieillissant, nous engage aussi par ses enjeux de conservation et de résilience. Comment construire, maintenir au meilleur coût tout en étant adapté au climat de demain : évolution du cycle gel-dégel, retrait-gonflement des argiles plus fréquent lié aux sécheresses, inondations plus violentes et importants glissements de terrain… ?
Au Cerema, nous pensons que la route et l’ingénierie routière doivent se réinventer pour anticiper dès à présent le changement climatique. Un effort d’innovation couplé à des changements de paradigmes sont nécessaires. C’est tout le sens des innovations, travaux de recherche et chantiers précurseurs présentés au sein de ce numéro « Infrastructures pour une mobilité durable ».
Réunis autour du Pacte d’engagement de l’Idrrim, Cerema, partenaires publics et privés de la filière, nous portons une vision commune des infrastructures à l’horizon 2030 et nous travaillons à répondre à des objectifs concrets comme le recyclage de 100 % des produits de déconstruction ou la production de 80 % d’enrobés dits « tièdes » ou « à froid ».
Les enjeux sont immenses pour que partout en France la qualité d’usage de notre réseau routier perdure, pour maîtriser son impact sur le climat et l’environnement et pour que de nouvelles mobilités – électriques, hydrogène... – soient possibles.
Le Cerema et son institut Carnot Clim’adapt participent chaque jour à cette nouvelle expertise de la route, et continueront de mettre au service de la communauté nationale leur capacité de dialogue entre mondes académique et opérationnel, entre sphères publique et privée. Nous poursuivrons notre mission de production et de diffusion cohérente de la doctrine en France et à l’international, tout en assurant localement une présence opérationnelle aux côtés des acteurs publics et privés de tous les territoires.
Pour les gestionnaires publics de la route, l’évolution prochaine de notre gouvernance en un établissement au pilotage partagé entre l’État et les collectivités territoriales, comme souhaité par le législateur avec la loi dite « 3DS », facilitera et intensifiera nos collaborations futures.
Face au changement climatique, réinventons la route ensemble !