Dans le cadre des Journées pour l’accélération et la modernisation des infrastructures, Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, s’est rendu à l’ESTP (École spéciale des travaux publics) à Cachan à la rencontre des étudiants.
Le ministère des Transports, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et Routes de France ont organisé, le 7 mai dernier, la première Journée pour l’accélération et la modernisation des infrastructures (JAMI), une manifestation destinée en priorité aux jeunes – étudiants, apprentis et jeunes salariés des travaux publics.
En janvier dernier, à l’occasion de la signature du Pacte d’engagement des acteurs des infrastructures de mobilité, réunissant les membres de l’Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim), Jean-Baptiste Djebarri avait annoncé le lancement de ces journées autour des infrastructures et des travaux publics. Cette démarche innovante s’inscrit en accompagnement des projets de la loi d’orientation des mobilités et du plan France Relance dont plus de 6 Md € sont dédiés aux infrastructures de transport.
Lors de cette journée à l’ESTP, le ministre a pu interagir avec une quinzaine d’étudiants en présentiel ou en visioconférence, afin d’échanger sur toutes les raisons de travailler à la modernisation des infrastructures de mobilité et à leur adaptation aux nouveaux usages dans une filière d’avenir, portée par l’innovation, qui s’engage dans les transitions écologiques, énergétiques et numériques. « Le temps est venu de réinvestir dans les infrastructures routières et ferroviaires, de mettre en lumière tous les métiers qui s’y rapportent au sens large et de dépoussiérer l’image de ce secteur synonyme d’innovation », a déclaré le ministre en préambule, installé sur un plateau pour deux heures d’émission, retransmises en ligne avec la possibilité de poser des questions en direct.
Un secteur attractif pour les jeunes
Les différents témoignages de la 1re table ronde ont mis en évidence les atouts des métiers du secteur des infrastructures et des travaux publics avec, en premier lieu, l’innovation et la présentation du BIM (Building information modeling).
Luigi, étudiant en 2e année à l’ESTP, a montré que le BIM était bien plus qu’une maquette numérique et permettait non seulement de rassembler tous les acteurs d’un projet mais surtout d’intégrer la notion de temps, de coûts, de planning, d’émission de CO2...
Apprenti chez Colas, Melvin, a mis l’accent sur l’importance et la satisfaction de travailler en équipe. Pour Anthony, jeune ingénieur chez Colas, le contact direct avec les usagers, la diversité des projets et la possibilité de partir à l’étranger sont les atouts majeurs du secteur.
Enfin, l’aventure toute récente d’Albane, jeune ingénieure de 23 ans en stage chez Vinci sur le projet de tunnel entre le Danemark et l’Allemagne, a prouvé que le secteur offrait rapidement des responsabilités. « Et être une femme dans un monde d’hommes, comment vivez-vous cela ? », a interrogé le ministre. « Ce n’est pas un problème au contraire, il ne faut pas que les étudiantes se mettent des barrières, on est très bien perçues ! », a témoigné la jeune femme.
Un domaine en pleine mutation
La 2e table ronde consacrée à la transition écologique a montré que les travaux publics étaient en phase avec les défis de demain.
Ainsi Marie, chercheuse à l’université Gustave Eiffel qui prépare une thèse sur une route dépolluante, est en lien direct avec les entreprises qui concrétisent ses innovations.
De même, Fayçal a vu l’application directe de ses recherches lors de la rédaction de sa thèse grâce à l’application de 100 % d’agrégats d’enrobés sur une route par Eurovia. « Quels sont nos concurrents en terme de recyclage d’après vous ? », s’est renseigné Jean-Baptiste Djebbari. « Les Pays-Bas, l’Italie en Europe et les États-Unis, où travaillent d’ailleurs beaucoup de chercheurs français, et la Chine. La France doit rester vigilante... », a précisé le jeune homme.
Pierre, chef de projet au Cerema, a présenté une étude de faisabilité d’une autoroute électrique afin de recharger les camions en roulant, ce qui a permis au ministre de rebondir sur le rôle d’expertise publique de l’État et « l’utilité sur le plan socio-économique local des travaux d’infrastructures » et de rappeler également le plan établi par le président des États-Unis Joe Biden de 600 milliards de dollars pour les transports.
La revalorisation des déchets, la décarbonation, la sobriété sur les ressources... tous les sujets sur lesquels travaillent les chercheurs ont été évoqués durant cette journée. « La route a souvent une image anti-écolo. On voit bien aujourd’hui que ce n’est pas le cas », s’est réjoui le ministre des Transports.
Félix a soulevé la difficulté de piloter certains projets où interviennent différentes disciplines (logement, aménagement, transport...) et décisionnaires (ministère, région métropole). « Le futur rôle des données sur les flux de déplacements est l’un des grands enjeux de demain pour en faire de vrais outils de décision de la puissance publique », a commenté Jean-Baptiste Djebbari.
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La gestion de la maintenance et la gestion préventive ont également été évoquées et Roman, doctorant à l’école des Mines de Paris, a insisté sur ces compétences indispensables qui ont besoin d’être valorisées. « Que pensez de la gestion communautaire via un smartphone par exemple ? », s’est enquis le ministre. « Cela fonctionne très bien en milieu urbain car il y a beaucoup de passage, mais en milieu rural, ça pose des problèmes... », a estimé l’étudiant.
Porté par l’innovation, le secteur des infrastructures et des travaux publics est déjà en pleine mutation. La modernité et la pertinence de ces parcours ont permis d’évoquer tous les sujets sur lesquels travaillent les étudiants et d’échanger de manière constructive avec un ministre à l’écoute attentive des préoccupations du secteur.
« La crise a accéléré les opportunités. Sociétalement, l’écologie a gagné. La nouvelle génération est prête et engagée pour ce faire », a conclu le représentant de l’État, qui se dit « rasséréné par le dynamisme, l’engagement et la notion écologique de ces jeunes, soi-disant en perte de sens ».
Cette journée a également été l’occasion pour le président de Routes de France, Bernard Sala, et le directeur général de l’ESTP, Joël Cuny, d’annoncer la création d’une chaire d’enseignement consacrée aux « Infrastructures routières et aménagements urbains durables ».