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À chaque édition annuelle, les communes labellisées reçoivent un diplôme et un panneau à installer bien en vue, symboles de leur action pour une mobilité plus sûre.
Prévention routière

Le label Ville Prudente
La sécurité au cœur des collectivités locales
Frédéricque AubryChargée de contenu éditorial - Prévention routière

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Aux communes qui agissent pour sécuriser les mobilités sur leurs territoires, et en corollaire la qualité de la vie locale, l’association Prévention Routière, entourée de ses partenaires, décerne chaque année depuis son lancement en 2017 le label Ville Prudente. Il s’agit ainsi de mettre en lumière le dynamisme des collectivités et, au-delà de cette récompense, d’accompagner les communes labellisées sur le chemin de l’efficacité préventive.

La lutte contre l’insécurité routière est multiforme. Aménagements de voirie, éducation routière, actions de sensibilisation de la population… Autant de leviers dont peuvent s’emparer les collectivités locales, en les combinant, pour améliorer la sécurité de la route et de la rue. Et c’est pour valoriser les communes qui agissent en faveur d’une mobilité à la fois sûre et apaisée que l’association Prévention Routière, avec ses partenaires, l’AMF (Association des maires de France), le SER (Syndicat des équipements de la route) et Groupama, a créé il y a quelques années le label Ville Prudente. Aujourd’hui, à l’issue du palmarès 2023 du label dévoilé en novembre lors du Congrès des maires et présidents d’intercommunalité de France comme chaque année, la communauté des villes et villages prudents compte plus de 450 communes.

Du village à la métropole, en milieu urbain ou rural, avec un habitat plus ou moins dispersé, au bord du littoral, en plaine ou en zone de montagne, toute la diversité des communes est représentée. « Le label Ville Prudente cherche à rassembler les forces pour agir plus efficacement contre l’insécurité routière au niveau local. Car ce sont les élus locaux qui détiennent le pouvoir d’œuvrer au plus près de la population pour faire reculer la mortalité routière », explique Anne Lavaud, déléguée générale de l’association Prévention Routière. « Notre association de près de 75 ans le sait bien, qui a tenu, avec ce label, à renouveler la coopération qu’elle soutient depuis toujours dans ce domaine avec les élus locaux », dans la perspective de l’objectif « zéro tué sur nos routes », qui fonde désormais l’action de l’association.

Dans les territoires, la sécurité routière est assurément un enjeu de taille. C’est ce qu’illustre l’enquête menée par OpinionWay pour l’association Prévention Routière qui a permis d’interroger des maires, quelques mois après leur prise de fonction, afin de mieux connaître leurs actions et les attentes de leurs administrés en matière de sécurité routière1. L’enquête révèle que l’une des priorités du mandat de plus de la moitié des maires (51 %) concerne les conditions de circulation, la prévention routière et l’aménagement de voirie. Sans surprise, la vitesse excessive est, de très loin et très majoritairement (86 %), la plainte la plus fréquente des citoyens. Et c’est à des fins essentiellement préventives que près des deux tiers des élus décident de leur politique de contrôles routiers.

Candidature des communes en deux temps

Toutes les communes candidates ne sont pas lauréates ! La labellisation s’obtient à l’occasion d’une procédure en deux phases :

  • Dans un premier temps, la commune fait acte de candidature en répondant à un questionnaire en ligne qui détaille les actions qu’elle met en œuvre, les études qu’elle réalise ou prévoit de mener, les projets qu’elle se fixe, souvent dans un cadre pluriannuel…
  • Ensuite, lorsque la candidature est validée, une visite de terrain se déroule en présence des élus, accompagnés des représentants de leurs équipes impliquées dans la gestion des questions de sécurité routière et des bénévoles de l’association Prévention Routière, dûment formés.

C’est à l’issue d’une analyse combinée des résultats de ces deux étapes que le jury national sélectionne les communes labellisées de l’année et définit le niveau de labellisation, autrement dit le nombre de cœurs, entre 1 et 5, pouvant être atteint.

La labellisation est acquise pour trois ans. Il n’est toutefois pas nécessaire de laisser s’écouler ce délai avant de candidater à nouveau pour nourrir l’ambition de franchir un échelon supplémentaire. Il est également possible de candidater plusieurs fois en tenant compte des évolutions de la politique de la commune en faveur de la sécurité routière. « Dans les derniers palmarès, plusieurs communes déjà labellisées ont même gagné deux cœurs d’un coup en postulant à nouveau », précise Blandine Rossand, en charge du dossier Ville Prudente au sein de l’association Prévention Routière, « ce qui illustre bien l’un des principes du label Ville Prudente, qui consiste à inciter les collectivités à amplifier les actions menées pour prévenir les risques de la rue, en mettant en valeur leurs efforts. » Et en matière de mobilité, le dynamisme et l’engagement ne se mesurent jamais à la taille de la commune.

Des ressources variées à disposition

Si le label n’a pas vocation à fournir d’expertise, les équipes de Ville Prudente tiennent à accompagner les élus dans leur recherche de solutions à mettre en œuvre. Pour cela, une série de ressources est mise à disposition des communes labellisées dans leur espace personnel sur le site www.villeprudente.fr (photo 1) :

  • un outil d’analyse statistique de l’accidentalité routière (photo 2), développé spécialement par Values associates, qui aide les communes dans leur réflexion sur la mobilité au cœur de leurs territoires. Il permet d’accéder aux données des accidents de la circulation routière sur dix ans, de découvrir le coût de cette insécurité routière à l’échelon local et de comparer sa situation avec celle de communes voisines ou de taille analogue ;
  • les kits de communication pour mener des campagnes sur les réseaux sociaux (efficacité du 30 km/h, risques de l’alcool au volant, comportements sur les giratoires…) ;
  • les fiches pratiques (sur les risques du smartphone au volant ou la visibilité en période nocturne) ;
  • une série de webinaires thématiques, par exemple sur la communication de proximité ou sur la sécurité routière des enfants. L’un des tout derniers, organisé avec le SER, a fait le point sur la conformité (couleur, dimensions, matériau…) de la signalisation routière.

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Dans leur espace personnel du site dédié, les communes ont accès aux ressources mises à leur disposition.
Dans leur espace personnel du site dédié, les communes ont accès aux ressources mises à leur disposition.
Prévention routière

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L’outil statistique inédit rassemble les principales données de l’accidentalité locale.
L’outil statistique inédit rassemble les principales données de l’accidentalité locale.
Prévention routière

Avec ses partenaires, l’association Prévention Routière tient aussi à s’adresser régulièrement aux collectivités locales. En région, elle rassemble des élus locaux pour faire connaître le label ainsi que les ressources disponibles ou répondre à toute interrogation. Elle a également réuni, par trois fois, sénateurs et maires de communes labellisées au palais du Luxembourg à Paris pour des colloques thématique consacrés :

  • aux enjeux de la sécurité routière des territoires ;
  • aux mobilités électriques, et notamment aux moyens de concilier les nouveaux usages et une prévention routière efficace ;
  • à la mobilité des séniors, un thème qui interpelle les collectivités devant faire face au vieillissement de la population tout en préservant la sécurité et le confort de ses déplacements.

Améliorer la sécurité et la qualité de vie des habitants

Autre enjeu – capital – du label : « faire émerger les initiatives locales dans toute leur diversité et favoriser l’échange de bonnes pratiques », précise Anne Lavaud.

Conduire une politique active de prévention routière qui améliore la sécurité et la qualité de vie, c’est décider d’une palette de mesures cohérentes et complémentaires, de pilotage d’abord, en établissant un diagnostic de sécurité et en fixant des indicateurs pour comptabiliser les accidents, détecter les vitesses pratiquées, repérer les comportements inadaptés… et adapter la réponse aux circonstances locales.

Ensuite, il s’agit de sécuriser la rue en faisant le choix d’aménagements conçus pour ne pas être dangereux. Un exemple parmi tant d’autres : les zones 30 qui se multiplient dans les centres villes ou dans les quartiers résidentiels, se déployant jusqu’à former des « villes 30 ». Dans ces espaces urbains apaisés, aucun usager motorisé ne circule au-delà de 30 km/h et piétons et cyclistes ont toute leur place.

Dès que l’on favorise les déplacements des personnes les plus vulnérables – piétons, cyclistes, personnes âgées peu agiles ou à mobilité réduite –, y compris de façon temporaire, le bénéfice en revient à l’ensemble de la population. Ainsi, concevoir des cheminements piétonniers continus et directs, avec des bancs à intervalles réguliers ou des transports en commun facilement accessibles, s’avère utile à tous : aux enfants devenant autonomes ou aux tout petits accompagnés de leurs parents, aux séniors, aux adultes chargés de paquets, pressés ou aimant flâner…

De même, faciliter plusieurs modes de déplacement, y compris non motorisés, encourage une circulation apaisée et favorise le partage de l’espace public.

Enfin, les bonnes pratiques en matière de sécurité routière intègrent une autre dimension fondamentale de l’action des communes que récompense le label : la sensibilisation. Elle commence « en interne » par la formation des agents municipaux à la prévention des risques routiers. Mais Il s’agit aussi d’informer la population par le canal des médias (le bulletin municipal, le site municipal ou les réseaux sociaux), de sensibiliser les citoyens par le biais de réunions, d’ateliers participatifs, de forums, et de veiller au développement de l’éducation routière des enfants scolarisés sur le territoire.

Globalement, en point d’orgue des décisions des municipalités, le parti pris d’une démarche de concertation favorise immanquablement l’acceptabilité de la « culture » sécurité routière qui se met ainsi en place.

Il existe donc de multiples pistes d’action au service de la population pour qui l’enjeu de la sécurité routière s’avère crucial, comme en témoigne une enquête menée par OpinionWay pour l’association Prévention Routière2. Interrogés sur les améliorations qu’ils aimeraient voir mises en place dans leur ville pour limiter l’insécurité routière, les Français prônent en premier lieu les aménagements et les actions de prévention routière. Avec, parmi les solutions privilégiées, l’aménagement des zones à risque.

Un panneau qui symbolise l’implication de la commune

Comment se repère une commune labellisée ? Par le panneau « Ville prudente » ou « Village prudent », selon les cas, placé bien en vue près du panneau d’entrée d’agglomération ; il affiche aussi le nombre de cœurs, entre 1 et 5, symbolisant l’implication de la commune (photo 3).

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Les communes ont le choix de leur panneau, avec le nombre de coeurs correspondant à leur niveau de labellisation.
Les communes ont le choix de leur panneau, avec le nombre de coeurs correspondant à leur niveau de labellisation.
Prévention routière

« Les maires organisent généralement une petite cérémonie pour la pose du panneau », explique Blandine Rossand. « Ils tiennent à célébrer la distinction obtenue. Et, encourageant l’émulation, ils invitent parfois des maires voisins pour les inciter à concourir, voire des élus départementaux ou régionaux pour mieux faire connaître leur engagement. »

Selon les deux enquêtes précitées, les Français souhaitent que la sécurité routière soit au cœur de la politique de leur ville ou village, près des trois quarts d’entre eux se déclarant favorables à la démarche « Ville Prudente ». Et une très large majorité des maires ayant entendu parler du label affirment qu’ils donnent plus de visibilité à la politique de sécurité routière menée. Un constat partagé qui augure bien de la 7e édition du label, ouverte tout récemment pour se clôturer en novembre 2024, avec une communauté de villes et villages prudents encore élargie, tous prêts à gagner le pari de la mobilité sûre.

Conclusion

Le label Ville Prudente se déploie dans le périmètre de l’Hexagone. Mais, dès sa première édition en 2018, il a reçu l’un des Prix de l’excellence en matière de sécurité routière décerné par la Commission européenne. De cette résonnance à l’échelle européenne, procède aussi la nécessité de continuer à contribuer, pour sa part, à l’objectif de réduction de l’insécurité routière sur les routes de l’Union européenne à l’horizon 2030.

À retenir
Toutes les communes de métropole, quelle que soit leur taille, peuvent postuler au label et devenir « Ville prudente » ou « Village prudent ». Voici la démarche pour candidater :
• S’inscrire dans la rubrique « Je participe » du site www.villeprudente.fr, la clé d’identification de la commune étant son code Insee.
• Remplir avec soin le questionnaire en ligne qui décrit les mesures mises en œuvre et celles en projet. Plus les réponses sont précises, le cas échéant argumentées, plus le jury chargé de déterminer les communes labellisables dispose d’éléments pour procéder à cette première sélection.
• Valider sa candidature et acquitter les frais d’inscription (70 €).
• Organiser une visite sur le terrain avec les bénévoles de l’association Prévention Routière qui avalise les réponses au questionnaire et permet au jury national de définir le niveau de labellisation, de 1 à 5 cœurs.
• Patienter jusqu’à l’annonce du palmarès et la remise des récompenses fin novembre.
Pour en savoir plus sur le label, candidater et découvrir le palmarès 2023 : www.villeprudente.fr.

Références

  1. Étude « Les élus locaux et la sécurité routière dans leur ville », association Prévention Routière/OpinionWay 2021 auprès d’un échantillon représentatif de 300 communes. Les élus locaux interrogés occupaient les fonctions de maire, 1er adjoint ou adjoint en charge de la sécurité routière. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas et les interviews ont été réalisées du 15 mars au 2 avril 2021 par téléphone.
  2. Cette enquête a été réalisée selon la méthode de quotas auprès d’un échantillon représentatif de 1 015 Français âgés de 18 ans et plus. L’échantillon a été interrogé en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview) du 7 au 9 novembre 2018.

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