Le 1er mars, 15 jours seulement après avoir rendu un verdict très négatif sur le Lyon-Turin, la même commission d'experts, pilotée par le « Mouvement 5 Etoiles », a apporté un complément à son analyse coûts-bénéfices. Réalisé discrètement à la demande du ministère des Transports, ce travail complémentaire a modifié de manière spectaculaire les premiers résultats.
Dans son rapport initial, la commission avait chiffré le déficit de l’infrastructure à 7 milliards d’euros, agité comme un épouvantail par les opposants au chantier pour justifier son abandon. Largement relayé en France, ce rapport a soulevé une vague de critiques en Italie.
Dans le rapport complémentaire, le déficit de l’infrastructure pour l’Italie est désormais officiellement évalué à 2,5 milliards d’euros, toujours en raison du manque à gagner sur les taxes de carburant et les péages autoroutiers. Un point méthodologique contraire aux usages internationaux et encore vivement contesté dans la mesure où il contredit la vocation même de l’infrastructure en matière de transition écologique.
Surtout, les membres de la commission admettent enfin que les coûts directs à la charge de l'Italie en cas d'arrêt définitif du chantier pourraient atteindre les 4 milliards d’euros… rendant mécaniquement le rapport coûts-bénéfices du Lyon-Turin positif.
La publication de ces informations a vite enflammé les débats sur le Lyon-Turin dans la péninsule et le « Mouvement 5 Etoiles » se retrouve plus que jamais isolé sur sa position d’obstruction idéologique au chantier. Des députés du Parti Démocrate ont demandé la démission du ministre 5 Etoiles des Transports Danilo Toninelli, qui cristallise les passions par son style particulier de gestion du dossier. Tout en réaffirmant son opposition farouche au Lyon-Turin malgré les nouvelles données, il a déclaré le 1er mars qu’une « décision serait prise la semaine prochaine ».
Françoise Marmier