10e prix IMBP (Infrastructures pour la mobilité, la biodiversité et le paysage) de l'Idrrim
Organisé par l’Idrrim (Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité) depuis 2010, le prix IMBP récompense les meilleures initiatives de requalification et d’exploitation des infrastructures de mobilité qui oeuvrent en faveur de la préservation, de la restauration et de la valorisation des écosystèmes de la biodiversité et du paysage.
Bérangère Abba, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la Biodiversité, a présidé la cérémonie de remise du prix IMBP. « Vous avez pleinement embrassé la dimension environnementale de la mobilité. Ce concours le démontre », a-t-elle déclaré, lors de cette 10e édition organisée en visio-conférence le 9 février 2021, en présence d’Yves Krattinger, président de l’Idrrim.
Les lauréats 2020 ont été désignés en septembre dernier par un jury d’une dizaine de membres, présidé par Jean-Pierre Thibault, inspecteur général de l’administration du développement durable au CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable). Ce jury, composé de représentants des secteurs publics et privés dans le domaine des infrastructures et de l’aménagement ainsi que de médias partenaires du prix (dont la RGRA), s’est prononcé à l’appui d’analyses des dossiers réalisées par le Cerema.
Malgré la période difficile due à la crise sanitaire, 15 dossiers ont été déposés au mois de février. « Une bonne cuvée à deux titres : d’une part, par la variété des candidatures, de la piste cyclable, à la voie ferrée, et d’autre part, par la variété des acteurs, grands groupes, villes, etc. », s’est réjoui Jean-Pierre Thibault. Des projets également « très variés en ampleur » a ajouté Luc Chrétien, chef de la division environnement au Cerema, qui a analysé et réalisé une synthèse de chaque projet.
Prix IMBP : un Tram'Bus à Nîmes
« Le projet Tram’Bus Diagonal T2 conjugue la cohésion sociale, la continuité écologique et la qualité des espaces », a souligné Jean-Pierre Thibault lors de la remise du prix. Mis en œuvre par la communauté d’agglomération de Nîmes Métropole, ce projet vise à renforcer et améliorer la performance du réseau de transports collectifs sur le territoire nîmois, grâce au développement d’une seconde ligne de bus à haut niveau de service (BHNS), qui vient mailler le réseau existant.
Six kilomètres de l’aménagement du Tram’Bus Diagonal T2 ont déjà été réalisés sur les 11,5 km du projet, mettant en avant une priorité accordée à la végétalisation des abords, au respect du contexte paysager lié à chaque tronçon du projet. Ici, la régulation du climat local, la préservation de la biodiversité et la motorisation « verte » des engins font partie des atouts du projet.
Mobilité verte
L’objectif est de réduire une part des trajets en véhicule particulier et de diminuer ainsi la concentration des gaz à effet de serre sur l’agglomération grâce à un report modal vers les transports en commun et les modes doux (photos 1). Le caractère innovant de cette ligne réside dans le choix d’une motorisation hybride électrique-gaz et à la mise en place d’un cercle vertueux d’économie circulaire, avec la production de biogaz par la création d’une usine de méthanisation, fonctionnant avec les boues des stations d’épuration de Nîmes Métropole.
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Paysage, gestion de l’eau et biodiversité
La prise en compte de la diversité des paysages traversés (garrigue, platanes...), du relief prononcé de certains quartiers et des enjeux hydrauliques prépondérants font de l’intégration de la fonctionnalité écologique le long de la ligne T2 un enjeu du projet. Les arbres (1 170 arbres et arbustes seront plantés) sont une priorité pour assurer la climatisation, améliorer l’espace urbain et contribuer aux corridors écologiques.
De même, les plantes grimpantes installées le long de murs de soutènement limitent l’échauffement en créant un « matelas » végétal. L’objectif de ces séquences paysagères proposées par le groupement de maîtrise d’œuvre associant Ingérop, Artelia et Richez Associés est d’améliorer le cadre de vie, grâce à la requalification de l’environnement urbain très routier vers un environnement urbain plus apaisé et végétal.
Une gestion raisonnée des eaux de ruissellement et des espaces verts nouvellement créés a été mise en œuvre (maîtrise de la consommation en eau, démarche zéro phyto, gestion différenciée). En outre, une expertise environnementale a été menée tout au long du projet.
Ces analyses ont permis de mettre en place des actions de sensibilisation avant et pendant les travaux, et des actions d’accompagnement après le chantier dans l’objectif de protéger et conforter la petite faune locale (chiroptères, lézards, oiseaux...). « Avec cet aménagement, la métropole figurera parmi les premiers titulaires du label HQE Infra de France (Haute Qualité Environnementale Infrastructure) », a rappelé le président de la métropole de Nîmes, Franck Proust, lors de la visio-conférence.
Prix spécial du jury : résilience des milieux naturels aux abords de l’A6
Le projet « Une graine de frugalité : favoriser la résilience des milieux naturels aux abords de l’autoroute » est porté par le groupe APRR, à l’occasion de l’élargissement de l’autoroute A6 sur 12 km, près d’Auxerre (Yonne). Malgré les mesures d’évitement mises en œuvre, ce grand chantier autoroutier a inévitablement entraîné un remaniement important des emprises autoroutières et notamment des substrats déjà naturellement pauvres. C’est sur ce constat et sur une démarche partenariale vertueuse que s’est appuyée la conception des structures de plantations qui accompagneront l’élargissement autoroutier.
Cette démarche, imaginée par le paysagiste Caudex et réalisée par l’entreprise Terrideal avec l’appui de l’Office national des forêts, s’inspire du processus naturel de constitution d’un milieu boisé par accumulation de branchages et de feuilles, puis par colonisations végétales et animales successives (photos 2).
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Au lieu de planter de manière traditionnelle, le projet s’appuie sur des apports de matière organique locale de différentes natures (paille, compost, fumier, déchets verts, poudre de bois brut, branchages et fûts...), sur différentes épaisseurs avec une mise en scène organisée en bandes et en andains. Ces structures deviendront les supports de colonisation spontanée et naturelle par les milieux adjacents, les graines étant apportées par le vent et la faune puis piégées et protégées dans ces aménagements.
Autre avantage, ces dispositifs ne demanderont pas d’interventions ultérieures lourdes pour se développer. À ce stade, l’ensemble des plantations n’est pas réalisé mais certaines zones ayant été anticipées (photos 3), il est possible de disposer d’un premier retour d’expérience plutôt positif.
La faune a largement investi les andains, laissant présager une rapide dispersion des semences présentes en abondance aux abords du projet.
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Mention spéciale du jury « Paysage urbain et rural » : aménagements du centre-ville d’angers
Une mention spéciale « paysage urbain et rural » (ex-aequo) a été attribuée à la ville d’Angers et son aménageur Anjou Loire-Atlantique, maître d’ouvrage d’Anjou Cœur de Maine. Le projet urbain intitulé « Angers, cœur de Maine », proposé par l’atelier Grether, le paysagiste Phytolab et le bureau d’études SCE, vise à reconnecter la ville avec la rivière Maine. Il consiste à transformer la voie sur berge en boulevard urbain, à réaménager le bas du centre-ville et à transformer en profondeur le secteur industriel de Saint-Serge par la création d’un parc paysager.
Dynamiser le centre ville
L’intervention sur le bas du centre-ville s’est traduite par une couverture partielle de la voie sur berge pour créer l’esplanade Cœur de Maine (photos 4), ainsi que l’aménagement de continuités piétonnières et cyclables au pied du château. La promenade Jean-Turc a été complètement repensée pour offrir plus de nature en ville, plus d’espaces dédiés aux loisirs et à la détente et pour mettre en valeur les trésors patrimoniaux d’Angers que sont la cathédrale, la cité et sa falaise, et le château.
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Dans le cadre de cet aménagement, la Ligue de protection des oiseaux de l’Anjou a constitué un inventaire de la faune et de la flore présentes sur le site. L’ouverture de l’esplanade Cœur de Maine a permis la création d’un espace vert gagné sur les voies sur berge, où passent près de 50 000 véhicules par jour. Ce vaste espace ouvert, conçu pour être un lieu de promenade et de détente, accueillera différents événements culturels, sportifs ou ludiques.
Le quartier Saint-Serge
L’autre site d’intervention, plus au nord, correspond au développement du quartier universitaire et tertiaire Quai Saint-Serge, avec la création d’une nouvelle patinoire et d’un parc urbain de 5 hectares.
Ce parc, réalisé après un travail de dépollution des sols de cet ancien site industriel, a plusieurs vocations et, au-delà de constituer un vrai poumon vert support de biodiversité (plus de 500 arbres plantés), il est à la fois un bassin de rétention en cas de crues de la Maine et un espace événementiel, de sport et de détente (photo 5).
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Mention spéciale du jury « Paysage urbain et rural » : déminéralisation de route urbaine
L’autre mention spéciale « paysage urbain et rural » a été attribuée à Suez Consulting et sa requalification du boulevard Aubanel, qui relie une zone agricole au centre-ville de Miramas, en une promenade verte longue d’un kilomètre.
L’aménagement (photo 6), réalisé en partenariat avec Cyléa architectes et paysagistes concepteurs, transforme un boulevard urbain à 4 voies en 2 voies de circulation, conservant les caractéristiques du territoire, laissant la place à une surface désimperméabilisée et à des plantations notamment d’espèces méditerranéennes. Ce choix d’aménagement permet également la préservation d’un alignement de pins parasol centenaires et la réutilisation des matériaux du site (pisé et béton de terre...).
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La végétalisation (arbres, jardins botaniques, habitats pour animaux...) et le travail sur l’albedo ont réduit l’effet d’îlot de chaleur et pacifié cet espace routier.
Enfin, une gestion de l’eau optimisée a été prévue sans rejet dans le réseau communal (noues, bassins).
Mention spéciale du jury « Continuités écologiques » : traçage des poissons
L’objectif du projet est d’évaluer l’efficacité des travaux de rétablissement de la continuité piscicole sur des aménagements situés sur le trajet de l’A89 dans le Puy-de-Dôme (photo 7). Porté par la start-up Scimabio, missionnée par Vinci Autoroute, il doit évaluer le franchissement de 3 ouvrages hydrauliques aménagés pour rétablir la continuité pour le saumon atlantique sur le cours de l’Allier et pour la truite commune sur la Durolle.
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Les suivis scientifiques mis en place entre 2017 et 2019 utilisent deux technologies innovantes : la RFID (Radio Frequency IDentification) et la radiotélémétrie. Ils ont permis de mesurer l’efficacité des aménagements et de tirer des bilans quantitatifs en termes de franchissabilité. Les résultats de ces suivis scientifiques représentent un retour d’expérience inédit pour améliorer l’écologie routière dans le domaine de la biodiversité aquatique.
Conclusion
Le nouveau directeur général de l’Idrrim, Didier Colin, a conclu la cérémonie virtuelle, annonçant le prochain appel à candidature dans les mois à venir et donnant rendez-vous au congrès de l’Idrrim à Rennes en octobre, pour la 11e édition, espérée en présentiel.
