La sécurité routière reste un enjeu majeur aux niveaux national et international. Deux articles de ce numéro s’y intéressent : l’interview de Matthew Baldwin, qui expose les grandes ambitions de la commission européenne à l’horizon de 2050 (« zéro accident mortel »), et le livre sur la sécurité routière en France paru en mai 2019 chez L’Harmattan, qui fait le bilan des travaux de recherche de ces dernières années et trace des perspectives qui vont dans le sens des ambitions affichées.
La production de données numériques en nombre, notamment dans le domaine routier, permet de développer de nombreuses applications commerciales. Si les données sont rendues accessibles, il en ressortira des informations utiles à l’analyse de la circulation – pratiques, expositions, dysfonctionnements, comportements – qui se trouvent fondamentales pour la compréhension des phénomènes en jeu en sécurité routière.
L’accent est donc mis dans ce dossier sur les données et les outils au service de la sécurité routière. Ce sujet a été développé lors d’une journée d’échanges, le 26 novembre 2018, qui a rassemblé une quarantaine de personnes de l’Ifsttar, du Cerema, de Météo-France, de l’IGN, de Vedecom et des représentants du MTES (DGITM et DRI) et de la DSR (ONISR, BEATT).
Concernant les infrastructures, un premier article fait le point des données disponibles en termes de trafic et d’infrastructures. Il met en avant les disparités entre le réseau national et les autres réseaux, en termes d’existence et de disponibilité de données. Celles-ci sont indispensables à la réalisation d’études de sécurité, comme le précise l’article sur la déclinaison de l’ISRI sur le réseau routier départemental. Deux articles consacrés à l’adhérence des chaussées et des espaces urbains montrent la diversité des matériels de mesure et des essais pour caractériser l’adhérence et son évolution. Enfin, un article présente l’usage qui pourrait être fait des caméras routières pour observer et caractériser les conditions météorologiques, très influentes sur la conduite.
Dans le domaine des données d’accidentalité, un article dresse un panorama des bases existantes et un autre présente les évolutions apportées au fichier BAAC (Bulletin d’analyse des accidents de la circulation) et l’ouverture que cela représente.
Les données issues des véhicules représentent un important potentiel en termes d’utilisation. En effet, les capteurs embarqués et la localisation du véhicule permettent d’appréhender des comportements de conduite et des réponses du véhicule et de l’infrastructure. Un article explore plusieurs pistes possibles d’usage des données sur les comportements de conduite ou la mise en évidence d’incidents. Un autre approfondit les analyses en croisant les données de comportements de conduite (données objectives) et le ressenti des conducteurs (données subjectives).
La dernière partie de ce dossier met en avant deux innovations : un outil d’aide à la décision pour les gestionnaires routiers qui s’appuie sur la détection de situations de conduite « dégradées » et une signalisation horizontale lumineuse qui, avec ses deux modes de fonctionnement allumé ou éteint, vient renforcer le marquage au sol lorsque le besoin s’en fait sentir.
J’espère que ce numéro saura vous convaincre que, pour renforcer la sécurité des routes, il convient non seulement de développer des innovations mais aussi d’améliorer la compréhension des phénomènes en jeu pour laquelle recueil et analyse de données sont indispensables.