Le 23 septembre dernier, le Bureau de normalisation des travaux routiers et d’aménagement (BNTRA) a organisé une journée dédiée aux enjeux de la transition écologique et de l’adaptation au changement climatique dans le secteur des infrastructures routières. Cet événement a rassemblé des acteurs publics, privés et académiques autour d’un objectif commun : intégrer les défis climatiques dans les normes et référentiels techniques, tout en favorisant l’innovation et la collaboration. Retour sur les temps forts de cette journée.
La journée a été ouverte par Dominique Chevillard (FNTP) et Nicolas Birouste (BNTRA), qui ont rappelé l’engagement du BNTRA en faveur de la décarbonation et de la normalisation, en lien avec la FNTP.
Le BNTRA, qui intervient à l’échelle nationale, européenne et internationale, joue un rôle central dans l’accompagnement des professionnels vers une meilleure prise en compte des enjeux climatiques.
Avec 1 286 experts mobilisés dans 32 commissions de normalisation, le BNTRA couvre cinq domaines clés :
- les équipements de la route ;
- l’intelligence dans les transports ;
- les chaussées et terrassements ;
- la géotechnique ;
- les ouvrages d’art.
Son ambition est claire : renforcer la coordination, mobiliser les acteurs locaux et internationaux et transformer les pratiques pour répondre aux défis de la transition écologique.
Nicolas Birouste a présenté la stratégie du BNTRA, visant à renforcer l’efficacité, l’influence et l’attractivité de la normalisation. Parmi les priorités : l’adaptation des normes au changement climatique, la sécurisation des marchés publics et l’intégration de l’innovation dans les référentiels techniques.
PNACC3 et mesure 24 : adapter les normes au climat à venir
Un des temps forts de la journée a été consacré à la mesure 24 du plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3), présentée par Erick Lajarge (CGDD) et Pascal Rossigny (DGITM). Cette mesure vise à identifier et actualiser les normes affectées par le réchauffement climatique, afin de garantir la résilience des infrastructures.
Erick Lajarge a souligné l’importance de la cartographie des normes existantes et de l’analyse de leur composante climatique, à travers une grille d’analyse fondée sur les facteurs d’impact climatique (Climatic Impact-Drivers – CID). Ces facteurs, comme les températures extrêmes, les précipitations intenses ou la montée du niveau marin, permettent d’évaluer la vulnérabilité des infrastructures et d’adapter les normes en conséquence.
Pascal Rossigny a illustré cette démarche par l’exemple de la norme NF P 98-086, qui définit le dimensionnement des chaussées routières. Actuellement basée sur une température de référence de 15 °C, cette norme doit être révisée pour intégrer les nouvelles données climatiques, notamment en France d’outre-mer, où les températures peuvent atteindre 25 à 28 °C. La révision de cette norme inclura également une meilleure prise en compte des indices de gel, des canicules et des précipitations intenses, en s’appuyant sur des données météorologiques actualisées.
Innovation et collaboration : des leviers pour accélérer la transition
L’après-midi a été marqué par des visions croisées entre Lorène Dumeaux (Vinci Construction), David Zambon (Cerema) et Pascal Rossigny, qui ont insisté sur le rôle des normes pour accélérer la transition écologique. Les normes contribuent en effet à sécuriser les marchés publics, à favoriser l’innovation et à rassurer les maîtres d’œuvre sur l’utilisation de nouvelles techniques, comme les enrobés à température abaissée ou les matériaux bas carbone.
Stéphanie Minnebois (Colas) et Laury Barnes-Davin (Vicat) ont présenté les travaux de la fondation FEREC, qui soutient différents projets visant à réduire l’empreinte carbone des infrastructures tout en garantissant leur performance.
Enfin, Ivan Drouadaine (Routes de France) et Éric Mouline (Cerema) ont mis en avant l’importance des partenariats public-privé et des projets collaboratifs, comme Recybeton ou les appels à projets FEREC, pour faire émerger des solutions innovantes et durables.
Conclusion
En clôture de la journée, Xavier Neuschwander (FNTP) a rappelé que la transition écologique repose sur trois piliers : l’innovation, la formation et les normes. Ces dernières, souvent perçues comme des contraintes, sont en réalité des outils collaboratifs qui garantissent la qualité, la sécurité et la durabilité des infrastructures.
Les défis sont nombreux : accélérer la révision des normes, mobiliser davantage d’experts et renforcer l’influence internationale de la France dans le domaine de la normalisation. Mais, comme l’a souligné Pascal Berteaud (Cerema), le BNTRA a su créer une dynamique collective qui aide à avancer vers des solutions concrètes et partagées.
Cette journée a ainsi confirmé que le BNTRA est un acteur incontournable pour construire les infrastructures de demain, résilientes, durables et adaptées aux enjeux climatiques.